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Photo du rédacteurStéphane J.

Myopathie atypique du cheval

Dernière mise à jour : il y a 2 jours


Cette #maladie saisonnière et soudaine, la #myopathie atypique, résulte d’une intoxication végétale du #cheval. Celle-ci est mortelle dans 3 cas sur 4 et est très douloureuse pour l’animal. Elle se caractérise principalement par une coloration rougeâtre des urines associée à une destruction musculaire massive.



Apparue en France dans les années 80, il n’existe à l’heure actuelle pour cette maladie aucun antidote efficace. C’est pourquoi son pronostic est toujours réservé, ou mauvais, et qu’il faut avant tout apprendre à reconnaître les signes précoces et prévenir l’exposition du cheval.


La myopathie atypique est parfois aussi appelé myoglobinurie atypique des chevaux au pré, ce n'est pas une maladie contagieuse.


TOUS les équidés (chevaux, ânes, ...) sont concernés par cette maladie !

Signes cliniques

Les signes cliniques apparaissent de manière soudaine, au printemps ou à l’automne. Les chevaux touchés sont des chevaux au pâturage. Elle peut frapper tous les types d'équidés.


Certaines régions sont particulièrement concernées : les Hauts de France, la Picardie, la Normandie, la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Ile de France, ainsi que la Belgique et le Luxembourg.


Vous pourrez notamment suspecter cette pathologie si votre cheval :

  • Présente des urines foncées : lors de la destruction des muscles, un pigment (la myoglobine) est libéré et éliminé dans les urines

  • A des muqueuses foncées, souvent de couleur rouge au niveau de l’œil ou des gencives

  • Semble affaibli (raide de l’arrière main, prostré, puis se couche…)

  • Il peut aussi présenter des tremblements, transpirer de façon excessive.

On pourra parfois observer d’autres signes cliniques, notamment l’hypothermie chez un cheval sur trois, mais aussi des coliques ou des troubles respiratoires.


Enfin, si plusieurs chevaux pâturent sur la même parcelle de terrain qu’un cheval atteint, ils sont particulièrement à risque d’être intoxiqués : il faut redoubler de vigilance concernant ces chevaux, voire les rentrer ou les complémenter.


Comme pour beaucoup de pathologies, les jeunes chevaux (<3ans) et les chevaux âgés ou affaiblis sont plus à risque.


Dans tous les cas, si certains signes sont observés et que vous suspectez une myopathie atypique, prévenez rapidement votre vétérinaire traitant. En effet la précocité du diagnostic est primordiale pour augmenter les chances de survie du cheval.


 

Maladie fatale dans 75% des cas dans les 48 à 72 heures suivant le début des symptômes.

 

Causes de la maladie

Le cheval contracte la myopathie atypique en ingérant une toxine présente dans les samares (graines) et plantules des érables sycomores (France, Belgique) et negundo (US), qui est extrêmement toxique.





A l’inverse, certains érables seront inoffensifs. Il est donc important d’apprendre à reconnaître : l’érable champêtre, l’érable plane ou encore le frêne commun qui possède lui aussi des samares.


 

Pour différencier les érables sycomores des érables inoffensifs, il suffit de regarder à la base de la tige de la feuille. S’il en sort un latex blanc, ça n’est pas un érable sycomore.

 

Concernant la contamination, deux saisons seront à prendre en compte particulièrement :

  • L’automne : c’est la période où l’on retrouvera le plus de samares au sol. Les journées venteuses seront notamment propices à leur dispersion, parfois à plusieurs kilomètres de l’arbre d’origine.

  • Le printemps : les samares ayant été dispersées, leur germination se fera à l’arrivée des beaux jours. Les petites plantules sont alors tout aussi toxiques que les graines dont elles sont issues. De même, la météo joue un rôle important dans la mécanique de la contamination, l’humidité favorisant l’épandage de la toxine.


La toxine appelée “hypoglycine A” se transforme en un composé très toxique appelé MCPA lorsqu'elle est ingérée. Cette molécule est dégradée par l’organisme et vient perturber le métabolisme et le transport des lipides : les cellules musculaires sont alors incapables de les utiliser. L’absence de ce substrat énergétique essentiel provoque la destruction soudaine et massive de groupes de muscles essentiels : ceux de la posture, de la respiration et du cœur.


Traitement


Aucun antidote de la toxine n’existe actuellement. La prise en charge par le vétérinaire sera uniquement palliative. Néanmoins, un diagnostic précoce et un traitement de soutien de choc permettront parfois d’aider le cheval à lutter contre la toxine. Le traitement conseillé est l’administration de vitamines, d’antioxydants et de carnitine qui soutiennent la fonction musculaire et le métabolisme énergétique.

En attendant le vétérinaire

Il est possible d’agir en attendant la venue du vétérinaire si celui-ci ne peut se déplacer dans l’urgence.

  • Le plus important est tout d’abord de limiter au maximum les déplacements du cheval car ceux-ci ne font qu’aggraver son état en accélérant la destruction musculaire.

  • On évitera de même toute source de stress et on préfèrera un coin de repos calme, abrité mais accessible pour permettre une surveillance optimale.

  • De plus différents paramètres sont à surveiller : La présence éventuelle d’une hypothermie (si la température descend en dessous de 37°C), L’appétit ou encore la présence de jetage. La transpiration (on pourra alors sécher le cheval avec de la paille).

Si l’animal présente un appétit conservé mais déglutit avec difficulté, on pourra donner de l’eau sucrée, du foin à volonté et de petites fractions de concentrés.

Enfin, le vétérinaire fera principalement le diagnostic de la maladie sur analyse urinaire. Vous pouvez donc récolter de l’urine avant son arrivée si cela est possible.


 

Puisqu’aucun antidote n’existe à l’heure actuelle, la principale ligne directive en ce qui concerne la myopathie atypique reste la prévention. C’est pourquoi, il est conseillé d’être particulièrement vigilant lors des périodes à risque.

 

En conclusion

La myopathie atypique est une maladie certes rare, mais qui sera fatale au cheval dans 75% des cas. Le mot d’ordre est ici de prévenir. Un certain nombre de mesures simples mais néanmoins contraignantes peuvent éviter à votre cheval une éventuelle contamination comme une surveillance des prés et végétations aux alentours et un contrôle des zones humides ou des abreuvoirs.

Aucun antidote n’existe à l’heure actuelle et le traitement administré par le vétérinaire permettra uniquement de soutenir l’animal dans sa lutte contre la toxine. Les cas d’intoxication a augmenté ces dix dernières années. C’est pourquoi il est important de s’informer et de déclarer la maladie si votre cheval en est la victime. Cette démarche peut se réaliser facilement par vous ou votre vétérinaire sur le site internet du RESPE (Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine).



 

Pour des conseils gratuits et personnalisés:



Pour aller plus loin:

Finno, C.J., Valberg, S.J., Wunschmann, A., Murphy, M.J., 2006. Seasonal pasture myopathy in horses in the midwestern United States: 14 cases (1998-2005). J Am Vet Med Assoc 229, 1134-1141. Votion, D.M., 2004. Atypical Myopathy Alert Group (AMAG) : www.atypicalmyopathy.com, Liège. Votion, D.M., Linden, A., Saegerman, C., Engels, P., Erpicum, M., Thiry, E., Delguste, C. , Rouxhet, S. , Demoulin, V . , Navet, R. , Sluse, F., Serteyn, D., van Galen, G., Amory, H., 2007. History and clinical features of atypical myopathy in horses in Belgium (2000-2005). J. Vet. Intern. Med. 21, 1380- 1391.

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