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Les critères du Bien-être animal, focus sur les chevaux

Dernière mise à jour : 17 févr.



chevaux en pâture

Le bien-être animal, ou BEA, est devenu un sujet central dans le monde équestre, attirant l'attention des propriétaires de chevaux et des acteurs des compétitions hippiques. Il ne s'agit pas seulement de fournir de la nourriture et un abri, mais de comprendre et de répondre aux besoins spécifiques de nos chevaux. Dans cet article, nous explorerons les critères déterminants du bien-être des chevaux et discuterons de l'importance croissante de cette préoccupation dans le contexte des compétitions équestres.


Le bien-être des animaux est défini comme « l'état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l'animal » (Avis Anses, février 2018). En effet, un animal ressent des besoins, mais également des attentes. Selon les réponses à ces attentes et ces besoins, il est capable d'éprouver des sentiments positifs comme négatifs.

La notion de bien-être comprend donc l'état physique, mais également l'état mental positif de l'animal (les deux états étant interdépendants l'un de l'autre).


Un cheval en situation de bien-être, c'est un cheval qui se porte bien physiquement et mentalement.

Les 5 libertés fondamentales d'un animal


cheval au paddock

Le bien-être animal est souvent traduit par le principe fondamental des 5 libertés individuelles. L'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) reprend ce concept en tant que principe directeur afin de faire ressortir les besoins fondamentaux indispensables pour le bien-être d'un animal. Publiées pour la première fois en 1979 par le conseil britannique sur le bien-être des animaux d'élevage, ces 5 libertés sont depuis reconnues de façon mondiale car elles ont été reprises dans les codes de l'OIE.


Elles expliquent les conditions que l'homme doit offrir à l'animal pour assurer son bien-être :

  • absence de faim, de soif et de malnutrition : il doit avoir accès à l'eau et à une nourriture en quantité appropriée et correspondant aux besoins de son espèce et de son statut physiologique ;

  • absence de peur et de détresse : les conditions d'élevage ne doivent pas lui induire de souffrances psychiques ;

  • absence de stress physique et/ou thermique : l'animal doit disposer d'un certain confort physique ;

  • absence de douleur, de lésions et de maladie : l'animal ne doit pas subir de mauvais traitements pouvant lui faire mal ou le blesser et il doit être soigné en cas de maladie ;

  • liberté d'expression d'un comportement normal de son espèce : son environnement doit être adapté à son espèce (il doit être en groupe si c'est une espèce sociale par exemple).



5 libertées fondamentales
© RESPE - 5 libertées fondamentales


À travers ces 5 libertés, on peut s'assurer de la bientraitance animale : l'animal est dans un environnement conforme à ses besoins.

Pour lutter contre la maltraitance animale, la réglementation utilise le terme de « protection des animaux ». Ces normes « s'inscrivent dans une démarche préventive de la souffrance animale, imposant des obligations positives au propriétaire quant à la manière de traiter ses animaux » (avis Anses février 2018 p. 11/34).


En anglais, cette règle est connue sous le noms de la règles des "5F":

  1. Freedom from hunger and thirst,

  2. Freedom from discomfort,

  3. Freedom from pain, injury or disease,

  4. Freedom to express normal behaviour,

  5. Freedom from fear and distress


Souvent raccourcie aux "3F" pour les chevaux:

Friends - Forage - Freedom
Amis - Fourrage - Liberté

Si cette definition est devenue universelle aujourd'hui, il est impératif de prendre en compte la dimension individuelle de chaque animal dans l'expression de ces besoins fondamentaux.


Pour aller plus loin:


En pratique, comment évaluer le bien-être animal ?


Si on recherche à évaluer le bien-être d'un animal, il faut déterminer le niveau de bien-être d'un individu particulier dans un environnement donné.



cheval couché en pâture

On comprend donc l'important d'être capable d’interpréter les signes qui traduisent un état mental positif ou négatif de l'animal. C'est l'étude de ses comportements et de l'état physiologique et sanitaire de l'animal qui donne une vision intégrée de son adaptation à son environnement et de son bien-être.


Chaque espèce exprime ses comportements propres. Seule une connaissance approfondie de ces comportements permet d'émettre un jugement objectif. La mise en pratique d'une évaluation objective du bien-être animal est complexe.


Il existe une science nommée éthologie qui analyse, interprète et répertorie les comportements des animaux dans leur milieu naturel et permet ensuite une meilleure compréhension des comportements dans le milieu de l'élevage.

Evolution des structures d'hébergement


Un environnement adapté est crucial pour le bien-être des chevaux. Les écuries doivent offrir un abri adéquat, une ventilation suffisante, et des conditions de propreté optimales. Les chevaux ont besoin de suffisamment d'espace pour se déplacer et interagir socialement avec d'autres équidés.


chevaux au box

Le logement individuel en box du cheval est souvent associé à des restrictions alimentaires, spatiales et sociales ayant des conséquences sur la santé mentale et physique des chevaux ainsi que sur la relation à l’Homme. Des alternatives de logement apparaissent, telle que stabulations avec acces en prairie, box-paddock, les écuries actives et les logements sur pistes et prennent de plus en plus en considération les libertés fondamentales des chevaux. En fonction de l'utilisation du cheval, chaque solution aura ses avantages et ses inconvénients, il convients donc de prendre en compte l'ensemble des paramètres pour choisir la structure la plus adaptée pour son cheval.


Budget temps du cheval


Le temps quotidien consacré à chaque activité est globalement régulier. Le moment où se produit chacune des activités va en revanche varier en fonction de l’environnement : par exemple, la répartition des activités dans la journée va être modifiée selon les ressources, la météo, les saisons, la présence d’insectes...


budget temps du cheval
© EquuRES - Budget temps du cheval


Pour aller plus loin:


Savoir identifier les signes de mal-être


En comprend bien que l'évaluation du bien-être animal peut vite devenir complexe en fonction de l'espèce, de l'individu lui-même, de la structure et l'environnement dans lequel il évolue. Il est donc essentiel de savoir identifier les signes de mal-être.


L'observation de l'état général, la musculature, les dents et la posture à l'arrêt sont les premier indicateurs d'un bon état de santé générale. Aujourd'hui, de nombreux professionnels de la santé équine reconnaissent son importance et intègrent la note d'état corporel dans leur anamnèse. Pour compléter cette première observation, d'autres indicateurs comportementaux revêtent une importance particulière et méritent d'être surveillés attentivement.


Pour aller plus loin:


4 indicateurs comportementaux à surveiller:


  1. les stéréotypes, ils sont varies et souvent appeles aussi tics: tic a l'air, tic a l'appui, tic a l'ours..., sur le terrain, les stéréotypies sont, dans l’ensemble, maintenant bien identifiées en tant qu’indicateurs d’un mal-être. Attention toutefois à ne pas considérer uniquement les stéréotypies les plus connues telles que le tic à l’appui ou à l’ours. En effet, de nombreux autres comportements peuvent aussi être classés dans la catégorie des stéréotypies, comme l’ensemble des mouvements répétitifs des lèvres et de la langue par exemple (voir photos ci-dessous). Plusieurs études scientifiques montrent ainsi que ces derniers comportements ne sont pas encore bien reconnus par les professionnels sur le terrain (Lesimple and Hausberger, 2014 ; Ruet et al., 2021). En cas de doutes vis-à-vis d’un comportement, il est utile de se poser les questions suivantes : ce comportement est-il répétitif ? est-il strictement identique à chaque répétition ? semble-t-il inutile au bon fonctionnement de processus naturels comme l’alimentation ou le repos par exemple ? Si les réponses à ces trois interrogations sont positives, il s’agit probablement bien d’une stéréotypie.

  2. l'agressivité envers les humains, Il est important de ne pas considérer l’agressivité envers l’humain comme l’expression d’un « mauvais caractère », mais bien en tant qu’indicateur d’un mal-être physique et/ou mental. En effet, la littérature scientifique montre désormais que cet indicateur comportemental peut être associé à de l’inconfort, voire à de la douleur physique (e.g., engorgement des tendons et des articulations, gêne respiratoire, lésions sur les lèvres, le corps et les pieds, atteintes chroniques du dos, boiteries - Fureix et al., 2010 ; Popescu and Diugan, 2013 ; Schork et al., 2018). Une étude récente portant sur plus de 200 chevaux a d’ailleurs permis d’avancer sur la compréhension des relations entre santé mentale et physique chez les chevaux présentant de l’agressivité envers les humains. Ainsi, les chevaux agressifs ont une composition spécifique du microbiote intestinal, caractérisée par une plus forte abondance de genres bactériens producteurs de lactate qui fragilisent l’animal et peuvent conduire au développement de pathologies apparemment anodines mais récurrentes, comme des affections digestives, respiratoires ou urinaires (Mach et al., 2020).

  3. l'insensibilité à l'environnement, L’expression de la posture de retrait pourrait révéler un état s’apparentant à la dépression et a été associée à une diminution du repos en position couchée (sternale et latérale). Les chevaux fortement insensibles à l’environnement pourraient également être plus sujets aux coliques. Il est possible que cet indicateur comportemental révèle un mal-être profond qui soit difficile à améliorer. En effet, il a par exemple été observé que des chevaux vivant depuis plusieurs années en box individuel avec très peu de sorties quotidiennes en liberté exprimaient fortement cet indicateur comportemental (Ruet et al., 2019).

  4. l'hyper vigilance à l'environnement, les postures d’alerte et d’alarme sont nécessaires à la survie de l’animal et font partie du répertoire comportemental naturel de l’espèce. Néanmoins, lorsqu’elles sont exprimées de manière répétée au cours du temps et quelle que soit la situation (par exemple autant lorsque tout est calme que lorsque l’écurie est agitée), il peut s’agir d’une manifestation comportementale d’anxiété chronique. Dans ce cas, l’état de bien-être de l’animal est considéré comme dégradé.


Pour aller plus loin:


Evaluation de la douleur par les expressions faciales



expression faciale de la douleur chez le cheval
Expressions faciales de la douleur chez le cheval (D. Costa et al., 2014)

  1. Oreilles fixes tournées vers l'arrière;

  2. Tensions des muscles au-dessus des yeux qui entraine une visibilité accrue des surfaces osseuses sous-jacentes (salières creuses)qui peut également s'associer à une fermeture des paupières de moitié ou plus;

  3. Naseaux contractés et dilatés;

  4. Muscles masticateurs saillants et contractés;

  5. Augmentation du tonus des lèvres et de la tension du menton entraînant une forme plus angulaire du museau





Une évolution sociétale en cours


Des attentes sociétales nouvelles apparaissent en matière de bien-être animal :

  • Un débat nourri sur le statut de l’animal qui se traduit tant par des colloques ou publications que par des propositions de lois qui ont abouti à la modification du code civil en 2015 ;

  • Une médiatisation forte des questions de BEA des animaux d’élevage ;

  • Une contestation renforcée de la production agricole française par certaines associations de protection animale.


Plusieurs travaux de recherche sont en cours de développement pour évaluer plus précisément le bien être des animaux d'élevage, notamment au sein de l'Union Européenne. L’enjeu est de développer des indicateurs de bien-être mesurables (ou au contraire de mal-être) afin d' évaluer le niveau de bien-être des animaux. Ces recherches scientifiques ont vocation à faire évoluer les textes européens et nationaux visant à protéger les animaux, en les recentrant sur des obligations de résultats plutôt que de moyens.


Dans le cas particulier des sports équestres et du cheval, on note une évolution majeure vers la valorisation du bien-être animal. Les instances régulatrices mettent en place des normes strictes pour garantir que les chevaux participant aux événements soient traités de manière éthique. Les juges accordent désormais une attention particulière à l'apparence générale des chevaux, à leur comportement sur le terrain, ainsi qu'à leur récupération post-compétition. La prise de conscience de ces enjeux par les fédérations FFE et FEI est critique pour la pérennité des sport équestres et on note régulièrement des évolutions des règlements sportif dans le sens du respect du bien-être animal.

Un comité dédié au bien-être des équidés a été mis en place par GL Events Equestrian Sport, la société organisatrice du salon Equita Lyon et des épreuves équestres aux jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

retour au pas d'un cheval après un concours hippique


Pour aller plus loin:




 

Les propriétaires de chevaux, qu'ils soient particuliers ou professionnels, doivent rester informés sur les dernières pratiques en matière de bien-être animal. Participer à des formations, suivre les avancées dans le domaine de la médecine équine, et être ouvert aux nouvelles approches contribuent à assurer le bien-être continu de l'animal.


 


Conclusion


En conclusion, le bien-être animal, en particulier celui des chevaux, est au cœur des préoccupations des propriétaires et des professionnels et reste une question complexe. La compréhension et la mise en pratique des critères essentiels du bien-être contribuent non seulement à la santé et au bonheur des chevaux, mais jouent également un rôle de plus en plus prépondérant dans le monde des compétitions hippiques. En investissant dans le bien-être équin, nous nous assurons non seulement de la pérennité de ce sport noble, mais aussi du respect et de l'amour envers ces majestueux partenaires que sont les chevaux.


Pour garantir le bien-être de votre cheval, il est essentiel de comprendre parfaitement ses besoins fondamentaux, d'identifier son identité et ses préférences individuelles, ainsi que de reconnaître les signes de mal-être et de douleur.


un chemin encore long

Bien que le chemin à parcourir soit encore long, gardons un regard optimiste en soulignant la prise de conscience croissante et l'intérêt accru des scientifiques pour ces questions.


Ce phénomène constitue sans aucun doute un tremplin vers une meilleure compréhension et des évolutions significatives à venir.


Si vous avez besoin de conseils pour évaluer le bien-etre de votre cheval, n'hésitez pas à me contacter via le service Horsteolive.






Liens et autres références:


Lea Lansade, Ethologue (nombreux articles scientifiques et de blogs)






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